Lectures
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Cioran, archives paradoxales - Nouvelles approches critiques (tome II), sous la direction d'Aurélien Demars et Mihaela-Genţiana Stănişor. La XIXe édition du Colloque international Emil Cioran s'est tenue en 2014 à Sibiu (Roumanie) et a porté sur les lamentations. Parmi les écrivains qui se lamentent abondamment, Cioran occupe une place de choix. C'est une constante qui traverse toute son œuvre, aussi bien roumaine que française.
ISBN 978-2-8124-6027-2 • Pour plus d'information : sur le site de Classiques Garnier |
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Stéphanie Michineau, L'autofiction dans l'oeuvre de Colette (thèse), Publibook. Thèse exemplaire, L'autofiction dans l'oeuvre de Colette offre un éclairage nouveau et éminemment contemporain sur la production romanesque d'une femme ô combien fascinante. Doit-on mener une lecture autobiographique ou autofictionnelle de ses romans ? Soupesant ces deux types d'approche, Stéphanie Michineau fournit dans ces pages une réflexion riche, pertinente mais aussi polémique, l'amenant à dégager toute la modernité et le génie d'une romancière aujourd'hui entrée au panthéon des Lettres françaises.
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Fanny Cosi, Pensées en désuétude (roman), Édilivre. « Comme une obligation. De s'arrêter. De prolonger. Une vérité. Difficile à accepter. Un ton haché. De solennité. A des mots attachés. Et dét... Réévalués. » La ponctuation. Ce sont ces tropismes, ces mouvements qui émergent à la surface des choses que Fanny Cosi, sur les traces de Nathalie Sarraute, traque sans fin dans Pensées en désuétude. C'est dans un style résolument moderne mais accessible à tous, bien différent en vérité de l'illustre écrivaine du Nouveau Roman, que Fanny Cosi parvient à mettre en lumière ces trop-pleins intérieurs auxquels on ne prend pas toujours garde et qui pourtant jalonnent nos existences humaines.
• Pour plus d'information : sur le site d'Edilivre |
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Stéphanie Michineau, Colette, par-delà le bien et le mal ?, Mon Petit Éditeur. Cet essai résulte d'une volonté de revenir sur la double injustice dont a souffert la réception scandaleuse de la première partie de l'œuvre de Colette jusqu'au brusque revirement que l'on peut situer dans les années 1920. Colette : par-delà le bien et le mal ? propose une réflexion sur la légitimité des critères moraux sur lesquels reposait ce procès d'intention. Et donc, une relecture particulièrement attentive - et pourquoi pas recréatrice - de l'œuvre de Colette. Mais d'abord, qu'est-ce que la morale ? « C'est l'ensemble des règles de conduite considérées comme bonnes de façon absolue. » (Petit Robert). Pourtant, l'absolu n'existe pas et soulève des interrogations telles que : qu'est-ce que le Bien ? Qu'est-ce que le Mal ? Colette nous aidera à y répondre.
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Stéphanie Michineau, Construction de l'image maternelle chez Colette de 1922 à 1936, Édilivre. « Si je pouvais me faire fantôme après ma vie, je n'y manquerais pas, pour ton plaisir et pour le mien. Tu as lu aussi cette stupide histoire d'une morte qui se venge ? » Si nous relevons cet extrait de « La Maison de Claudine », c'est parce qu'il résonne à nos oreilles comme une mise en abyme de la posture de Colette face à l'image maternelle, les paroles de Sido révèlant toute l'ambiguïté des liens qui les attachent l'une à l'autre et que dissimulent des sentiments filiaux qui vont culminants de 1922 à 1936 (soit plus de dix ans après la mort de sa mère).
Aussi, différentes questions se posent à nous : de quelle manière Colette contribue-t-elle à façonner le personnage de Sido ? En quoi peut-on parler de construction voire de recréation de l'image maternelle ? Et surtout quels enjeux, intimes et symboliques, ce travail d'élaboration littéraire sous-tend-t-il ? L'intérêt de cet essai réside essentiellement en ce que nous avons cherché à saisir les zones d'ombre qui entourent l'amour inaltérable d'une fille, de surcroît écrivain, pour sa mère défunte. • Pour plus d'information : sur le site d'Edilivre |
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Marc Bonnant, Cunsigliu, L'Àpart Éd. « Si je vous raconte cette histoire aujourd'hui, Marianna, c'est parce qu'elle vous concerne au premier chef, sinon je m'abstiendrais de vous la dire. Vous êtes en droit de ne pas vouloir la connaître ; dans ce cas, un mot de vous et je me tais. Mais si vous consentez à m'écouter, vous serez la dernière personne à l'entendre de ma bouche. Vous comprendrez alors pourquoi je préfère la taire et l'oublier : elle n'éveille en moi que honte et dégoût. »
L'histoire de Cunsigliu commence et s'achève au chevet d'un chef de clan. Les destins qui s'y croisent gravitent irrésistiblement autour de cet obscur potentat, comme s'il en maîtrisait le cours. Dans une Corse en déshérence acquise aux seigneurs qui la gouvernent, Joseph Tarco, dit le Sgiò, est l'incarnation du pouvoir. Ayant gagné ses emblèmes par la force, il redoute de les perdre par négligence ; c'est pourquoi il convie ses ennemis d'hier à créer avec lui le Cunsigliu, une coterie pittoresque conçue dans la meilleure tradition des fratries du Mezzogiorno… • Pour plus d'information : http://www.cunsigliu.com/ |
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Marie-Hélène Gauthier, La Poéthique - Paul Gadenne, Henri Thomas, Georges Perros, Éd. du Sandre. Les trois écrivains dont il est ici question reprennent, dans leur écriture comme dans leurs choix de vie, l'esprit de la philosophie antique, qui implique non seulement un apprentissage théorique, mais aussi le vœu d'une éthique vivante. Ce livre tend à montrer que si l'institution a pu affaiblir cette exigence de vie selon des principes philosophiques (choix de l'honnête, d'un éveil de la conscience, la réflexivité, le respect de l'intégrité humaine, et de l'essence de l'homme en l'individu), trois figures littéraires y souscrivent, chacune pour son propre compte, et tissent à partir de là une trajectoire existentielle et littéraire particulière. De Socrate à Plotin (le retour à l'intériorité, et l'invitation à sculpter, par purifications successives, sa propre statue), en passant par Platon et le Stoïcisme, une clé de lecture semble se présenter. Une invitation se dessine, à dégager cette ligne d'influence, et qui cherche à soutenir l'unité profonde de trois œuvres dont les voies littéraires sont pourtant bien différentes : la quête métaphysique trouve chez Gadenne sa forme suprême d'expression dans le genre romanesque, qui disparaît de la production de Georges Perros, et alors même que Henri Thomas, dont le goût pour le stoïcisme se poursuit jusque dans ses travaux de traduction (Perse), parvient à maintenir un équilibre relatif entre les différentes modalités d'écriture susceptibles d'être associées à la volonté de tout « soumettre à l'arrière-plan métaphysique ». Une sorte de famille littéraire se serait ainsi tissée, qui montrerait de façon un peu exemplaire les glissements de l'écriture, de la philosophie systématique au roman philosophique, à la poétique romanesque, à la note. La « po-éthique » en nomme le lien de parenté, qui nous reconduit à l'esprit général de la conquête socratique d'une vie selon une « raison à plus haut prix », d'après la belle expression de Ponge.
• Pour plus d'information : http://editionsdusandre.com/editions/livre/121/poethique |
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Cioran, Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, n° 574, NRF. « Ce volume rassemble tous les ouvrages rédigés et publiés par Cioran en langue française. Le fossé qui sépare de ce corpus essentiel les œuvres roumaines antérieures n'est pas seulement linguistique, spatial ni temporel : à la métamorphose complexe de la pensée en exil s'ajoutent, dès Précis de décomposition (1949), un nouvel art d'écrire, de nouvelles exigences stylistiques et un nouvel horizon éditorial, dont Cioran ne se départira pas. On n'entend évidemment pas nier l'existence ni l'importance de l'œuvre roumaine. Il s'agit bien plutôt de respecter l'unité naturelle et puissante du corpus français, qui avait déjà rendu Cioran lui-même très réticent devant l'idée que l'on traduisît dans sa langue d'adoption ses textes roumains. Le lecteur trouvera ici les dix œuvres par lesquelles Emil Cioran, devenu E. M. Cioran, écrivain français, s'imposa comme Cioran, l'un des plus brillants stylistes du XXe siècle.
Il n'eut jamais aucun plan d'œuvre général ; il avança de texte en texte au gré de ses chaotiques nécessités intérieures, prenant seulement le soin, en des temps de plus en plus espacés au fil des années, de réunir ses écrits isolés dans des volumes cohérents. Syllogismes ou pensées, arrêts ou confessions, examens thématiques ou divagations désinvoltes - que disent ces textes de leur auteur - ne faudrait-il pas qu'il soit philosophe, lui qui n'évolue que dans le présent des sentences mais ne se contredit-il pas trop, pour un raisonneur, ne serait-il pas plutôt l'écrivain rassemblant des points de vue, sinon des personnages multiples et différents il ne parle pourtant que de lui-même, tout le temps, quand bien même il commenterait la misère de l'homme, les avantages du squelette ou la pierre de Caillois : n'est-ce pas là le fait d'un poète et pourtant, ce serait un poète œuvrant contre son propre lyrisme, pour le renoncement au moi, une manière de moine rongé par son égotisme verbeux : est-ce encore envisageable... On perdrait ainsi beaucoup de temps à tâcher de dissoudre Cioran dans une solution générique ad hoc. N'étant ni ceci ni cela, et tout à la fois, il présente jusque dans cette complexité de nature une attitude récalcitrante et originale, libre comme l'est toute solitude. Les poches soigneusement délestées de toute illusion de pouvoir, de mérite ou de valeur, Cioran réfléchit à sa vie comme à l'existence dans sa totalité, car l'inconvénient d'être né n'est qu'un succédané d'un désagrément plus vaste encore - qu'il y ait quelque chose plutôt que rien. » (Nicolas Cavaillès) • Pour plus d'information : http://www.la-pleiade.fr/La-vie-de-la-Pleiade/L-actualite-de-la-Pleiade/Un-ecrivain-francais-dans-La-Pleiade-Cioran |
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Nicolas Cavaillès, Cioran malgré lui - Écrire à l'encontre de soi, CNRS Éditions. Cioran restitué dans tous ses paradoxes. Cioran qui, confronté au scandale d'une existence radicalement absurde, trouve un sursis dans l'alliage inédit des imprécations et de l'élégance. C'est en s'attachant à l'analyse de sa première œuvre écrite en français, Précis de Décomposition (1949), que Nicolas Cavaillès dévoile toute la singularité du penseur.
Livre de la découverte enthousiaste et conquérante d'une nouvelle grammaire, livre-défouloir, ultimatum à la vie et « thérapeutique par le feu » : Précis de Décomposition marque un point de non-retour dans la lutte de l'auteur contre l'existence, et surtout contre lui-même. Suicidaire, décomposé, corrompu, esthète, enragé, joueur, Cioran y démultiplie les je que la vie commande chaque jour de ravaler sous un seul et unique visage. Souriant sans se trahir, pleurant sans se ridiculiser, se distordant sans sombrer dans la monstruosité. Nulle part mieux que dans les manuscrits du Précis on ne saisira l'impressionnante intensité de cette écriture. • Pour plus d'information : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/arts-et-essais-litteraires/cioran-malgre-lui/ |
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Karl Emil Franzos, Namensstudien (Études de noms), édition bilingue, Éd. Oskar Ansull. Traduit par Ariane Lüthi. Dans ses Études de noms (1888), Karl Emil Franzos décrit l'attribution forcée de patronymes aux Juifs, vers la fin du XVIIIe siècle, en Europe centrale et orientale. L'essai « Bruit, fumée, abri et enseigne » d'Oskar Ansull commente le contexte historique, linguistique et littéraire ainsi que l'actualité de ce texte qui figure dans l'œure Reise- und Kulturbilder aus Halb-Asien - Tableaux culturels et de voyage de la Semi-Asie. Outre des annotations, une bibliographie et une table chronologique - un riche matériel facilitant la compréhension du texte et de son auteur -, une documentation des variantes de la seconde édition par rapport à la première permet d'entrevoir la façon dont l'auteur travaillait. La traduction d'Ariane Lüthi transpose finalement ce texte dans la langue des ancêtres de l'auteur qui avaient quitté la France en 1770 pour la Galicie.
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