À partir du n° 12 d'ALKEMIE, les parutions
sont assurées par CLASSIQUES GARNIER.

Classiques Garnier
« Comme tous les entre-deux, l'espace philosophico-
littéraire projette une lumière originale, féconde,
enrichissante, sur les deux disciplines rapprochées ;
mais, surtout, l'expérience de la confrontation de ces
deux modes d'expression ne manquera pas d'encourager
la reconnaissance d'une perspective unitaire
plus stimulante encore. »

(N. Cavaillès)

Numéros parus ou à paraître

   
 N° 1 : Métaphore et concept N° 21 : L’utopie
 N° 2 : Le fragmentaire N° 22 : La faute
 N° 3 : L’autre N° 23 : L’amitié
 N° 4 : Le rêve N° 24 : L’exil
 N° 5 : Le vide N° 25 : La poésie
 N° 6 : Cioran N° 26 : L’âme
 N° 7 : La solitude N° 27 : Le temps
N° 8 : Le mal N° 28 : L’horrible
N° 9 : L’être N° 29 : Le moi
N° 10 : Le destin N° 30 : L’image
N° 11 : Le bonheur N° 31 : La destruction
N° 12 : Les mots N° 32 : L’Animal
N° 13 : Le silence N° 33 : L’enfance (terme limite : 1er décembre 2023)
N° 14 : L’oubli N° 34 : Le rire (terme limite : 1er juin 2024)
N° 15 : L’Éros N° 35 : L’intime (terme limite : 1er décembre 2024)
N° 16 : Le paradoxe N° 36 : L’aliénation (terme limite : 1er juin 2025)
N° 17 : L’ennui N° 37 : L’angoisse (terme limite : 1er décembre 2025)
N° 18 : La mort N° 38 : Courage / lâcheté (terme limite : 1er juin 2026)
N° 19 : La mélancolie
N° 20 : L’imaginaire
 
Les personnes qui souhaitent soumettre un texte à la revue sont invitées à lire les indications suivantes.
 
   


Actualités

« Je suis porté vers les “miettes philosophiques”, les fragments existentiaux, les éclats, et plus encore à la conjonction du poème et du philosophème […]. Le poème est le noème. »

Entretien avec Rémi SOULIÉ réalisé par Mihaela-Gențiana STĂNIŞOR

Rémi Soulié • Cl. ©PHILITT Mihaela-Genţiana Stănişor : Selon quels critères avez-vous choisi les auteurs auxquels vous avez consacré des livres ?

Rémi Soulié : Essentiellement, selon le « bon plaisir », lequel se confond la plupart du temps avec une forme de nécessité intellectuelle : faire ses armes, lorsque le « moi » est d’abord perçu comme peu ou prou « haïssable » – il est vrai sur le mode d’une vaine crispation, aujourd’hui dépassée ; explorer une œuvre, une pensée auxquelles on s’identifie ou s’est identifié ce qui, je le reconnais, relève assez de la ruse avec soi-même. Les essais sur Dominique de Roux, Charles Péguy, Friedrich Nietzsche ou Benny Lévy sont donc très « personnels » en ce qu’ils constituent, dirait peut-être la spécialiste de Cioran que vous êtes, des « exercices d’admiration » dans lesquels transparaît une « image dans le tapis » où se tapit l’auteur. J’y ai, en effet, principalement évoqué les points qui me sont vitaux : l’essence de la littérature et du combat, le peuple et l’esprit, la lutte contre le nihilisme sous l’angle grec ou abrahamique. Lorsque je me suis senti plus assuré – ce fut comme une initiation ! – et que je m’y suis donc senti autorisé (par les auteurs), j’ai suivi Pindare et Nietzsche : « Deviens qui tu es ». Plus trivialement, comme ce que « je suis », sur un plan esthétique et intellectuel, ne correspond guère aux canons éditoriaux, sans doute fallait-il aussi en passer par des livres d’une facture un peu plus convenue ou attendue pour être publié.

M.-G. S. : Qu’est-ce que c’est pour vous écrire sur un autre ?

R. S. : Une manifestation de piété (l’hommage à des maîtres) et une autre façon d’écrire sur soi. Néanmoins, ultimement, Borges a raison : il n’y a jamais eu qu’une œuvre et un auteur. Le moi et l’autre sont des illusions, au sens de la maya des métaphysiciens de l’Inde. La langue, ici, correspondrait au Brahman. Le cœur, c’est elle, et en elle, le mot, la lettre même – d’où mon goût de l’imperatoria brevitas –, le hiéroglyphe synthétique et symbolique, le grain de sénevé, la musique des sphères, le son primordial, le « OM » auquel le scribe doit s’accorder. Lorsque tel est le cas, il comprend qu’Atmānest Brahman. Voilà pourquoi tout poème – j’entends, toute œuvre – même le plus sombre, est éveil, clarté, lumière. Les strates accumulées de la langue – l’histoire littéraire, donc – répètent le Même, qu’elles n’annoncent ni n’attendent puisqu’il a toujours été là (le poétique me paraît plus juste que le prophétique) ; encore est-ce trop dire qu’elles le « répètent » : elles le disent ; mieux : il se dit lui-même. La littérature, c’est le Dit du Dit. C’est « mon » côté éléate et mégarique : je suis émerveillé que l’être soit ; idéalement, j’aimerais l’être en permanence mais, comme les apôtres à Gethsémani, je suis atteint de narcolepsie : le pion pionce – je lis l’Évangile comme il doit être lu, c’est-à-dire comme la Baghavad Gītā : tout est question d’éveil. (…)

Lire l’intégralité de l’entretien dans le n° 31 d’ALKEMIE





Arguments


L'idée d'une revue francophone internationale embrassant littérature et philosophie a le grand mérite de proposer une perspective transdisciplinaire : elle est d'autant plus bienvenue que, sans parler des œuvres littéraires à dimension philosophique (d'Homère à Kafka), ni des œuvres philosophiques à dimension littéraire (de Sénèque à Nietzsche), il existe, tout particulièrement dans le domaine francophone, avec un Montaigne, avec un Pascal, avec un Cioran, une longue et belle tradition de plumes qui ont refusé les dogmes séparés pour s'installer dans l'unité qui est celle de la pensée humaine.

Forte du soutien intellectuel des nombreux philosophes qui se sont penchés sur la littérature (de Platon à Derrida) et des nombreux écrivains qui ont servi des thèses et des idées (de Dante à Proust), forte de l'autorité conférée par son ouverture à des philosophes comme à des critiques littéraires aussi distingués qu'Irina Mavrodin, Antoine Compagnon, Sorin Vieru, ou encore Ger Groot, la revue Littérature et philosophie touche au problème décisif de la vérité de l'existence humaine, son langage : la vérité du monde s'exprime-t-elle en concepts, ou en métaphores ? Comme tous les entre-deux, l'espace philosophico-littéraire projette une lumière originale, féconde, enrichissante, sur les deux disciplines rapprochées ; mais, surtout, l'expérience de la confrontation de ces deux modes d'expression ne manquera pas d'encourager la reconnaissance d'une perspective unitaire plus stimulante encore.

Pour avoir moi-même conjugué des recherches philosophiques et littéraires, je suis personnellement honoré et fort impatient de participer à une aventure intellectuelle aussi prometteuse.

Nicolas Cavaillès



Comme dans la plupart des secteurs de la pensée, nous assistons à une atomisation du savoir humain, sans doute nécessitée par la progression même de la recherche scientifique, s'aventurant de plus en plus loin dans les zones inconnues, apparemment inconnaissables de l'esprit. C'est là que les frontières entre les disciplines se touchent, s'effacent même, c'est l'immense lieu de rencontre où la philosophie, dans le sens de la sagesse antique, et la poésie, exploratrice de l'imaginaire, se donnent rendez-vous, rejoignant également la pensée théologique, la science de Dieu, de la Parole et de l'Écriture.

Eugène Van Itterbeek


Les relations entre la littérature et la philosophie ont depuis toujours nourri les réflexions des créateurs, qu'ils soient philosophes ou hommes de lettres. Nombreux sont ceux qui prétendaient que la philosophie se distinguait radicalement de la littérature, aussi par la forme que par le contenu. Si la première exprimait la vérité par un langage conceptuel, qui aspire à l'universalité, la deuxième chercherait partout la beauté, se servant dun langage symbolique et métaphorique qui possède un grave substrat personnel. D'autres considéraient que tout est littérature, c'est-à-dire préoccupation pour l'expression et pour le langage. Les œuvres de Nietzsche, Mallarmé, Proust, Joyce révèlent que cette association entre littérature et philosophie est non seulement possible mais encore harmonieuse, tant l'une se nourrit de l'autre. La légitimité d'un tel rapport est prouvée historiquement par l'ancienne unité de la poésie et de la philosophie. Le problème de la relation art et philosophie préoccupait Nietzsche qui écrivait dans Le Livre du philosophe : « Grand embarras de savoir si la philosophie est un art ou une science. C'est un art dans ses fins et sa production. Mais le moyen, la représentation en concepts, elle l'a en commun avec la science. » Lire tout l'article...

Mihaela-Genţiana STĂNIŞOR
Răzvan ENACHE




Mots-clefs : métaphore et concept, le fragmentaire, l'autre, le rêve, le vide, Cioran, la solitude, le mal, l'être, le destin, le bonheur